lundi 21 avril 2014

National/Ligue 2 : Luzenac, un village s'offre un défi en Ligue 2

Luzenac, village de 650 habitants niché sur les rives de l'Ariège, est devenu vendredi, sous la conduite du champion du monde Fabien Barthez, le plus petit club à jamais accéder à la Ligue 2, un vrai défi.
Personne n'attendait à pareille fête les "blauroge" (bleu et rouge, en occitan), sauvés de justesse de la relégation en CFA au printemps 2013. Surtout pas le club lui-même, arrivé en National en 2009 et qui ne sait pas encore dans quel stade il évoluera la saison prochaine.

Si Luzenac est désormais connu pour autre chose que sa carrière de talc, la plus grande du monde, il le doit à deux hommes: le promoteur immobilier Jérôme Ducros et l'ancien champion du monde Fabien Barthez.
Devenu Luzenac Ariège Pyrénées (LAP) la saison passée, la formation connaît une professionnalisation fulgurante et l'arrivée de Jérôme Ducros, qui fait alors appel à son ami Fabien Barthez, natif de Lavelanet (Ariège).
Barthez avait d'abord accepté un poste d'honneur quand Jérôme Ducros avait sauvé le club en 2011, avant de s'y consacrer de plus en plus pour devenir directeur général cet hiver. Le "Divin chauve" a monté le staff médical, s'investit dans le recrutement et vient régulièrement dispenser ses conseils.
La L2 est un lourd défi pour un club dont le budget était de 2,5 millions d'euros cette année et qui part de rien ou presque en terme d'infrastructures.
A Luzenac même, le siège historique du LAP est survolé par les blocs de talc qui descendent de la carrière en téléphérique. Il jouxte le stade, coincé entre l'usine et la montagne. A deux pas du cimetière, d'une libraire-papeterie et d'une épicerie, toutes deux fermées. Pas le meilleur endroit pour attirer des joueurs, même au coeur du joli paysage pyrénéen.
"Je n'avais jamais entendu parler de Luzenac", se souvient Ande Dona Ndoh, à propos de son premier passage en Ariège, en prêt en 2009.
"Dans la voiture, je disais à mon agent: +Mais où tu m'emmènes?+ Même lui, il ne savait pas trop, sourit l'actuel meilleur marqueur de National (21 buts). On est arrivé à 4 heures dans la nuit. Le matin, j'étais surpris. J'ai passé deux semaines à Luzenac, après, je ne pouvais plus".
Heureusement pour le LAP, faute d'installations, les joueurs s'entraînent au son des oiseaux au champêtre siège de la Ligue Midi-Pyrénées de football, à Castelmaurou (Haute-Garonne), dans la banlieue de Toulouse.
Le club y loue les installations et a installé un préfabriqué qui fait office de salle à manger et de bureau pour l'entraîneur Christophe Pélissier. Au printemps, la vie y est belle, l'hiver un peu moins, confie un bénévole du club. Mais Castelmaurou reste un atout, car tous les joueurs vivent dans la région toulousaine.
"La vie est belle, on vit super bien, le groupe est super sympa, explique l'un des cadres de l'équipe, Julien Outrebon, 30 ans, passé par Troyes (L1/L2): "Je voulais du plaisir et du temps de jeu. Ici, on m'a donné de la confiance. Et la région m'a plu. Je m'épanouis. Je n'ai jamais connu autant de plaisir."
L'histoire du LAP continue de s'écrire le long de la RN20, à Foix, où l'équipe a joué cette saison. A près de 100 km de Castelmaurou et plus de 35 km de Luzenac.
Mais le stade Jean-Noël-Fondère n'est pas homologué pour la L2. D'importants travaux seraient nécessaires pour mettre l'enceinte aux normes du football professionnel. Aucune dérogation n'est possible, admet-on au LAP: il faudrait y refaire les éclairages, la sécurité, une tribune de presse, etc.
Le club ignore encore s'il jouera à Foix, Toulouse, qui dispose avec le Stadium du seul stade de la région homologué par la LFP, ou ailleurs.
"Le ballon est dans le camp des élus. Ils ont été pris de cours par la L2. Ils doivent réagir, estime l'un des dirigeants historiques", Henri Lacaze, avant d'espérer un coup de pouce: "Et puis, le président du Sénat (Jean-Pierre Bel) est Ariégeois, non?"

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.