mardi 3 juin 2014

Entre loisir et productivité, quand le sport gagne l'entreprise

A mi-chemin entre bien-être personnel et cohésion des salariés, le sport est à la mode dans les entreprises où se développent salles de fitness et terrains de foot, créant ex-nihilo un nouveau marché.

Alors que 3 millions d'actifs en France présentent un risque élevé de "burn-out", selon une étude publiée en janvier par le cabinet Technologia, le sport apparaît comme un des remèdes idoines pour enrayer le stress au travail et, à terme, améliorer la performance.
La tendance est suffisamment prise au sérieux pour être soutenue par les pouvoirs publics, soucieux de réduire le trou de la sécurité sociale (12,5 mds d'euros dont la moitié pour la seule assurance maladie). Car les programmes d'activité physique en milieu de travail peuvent réduire de 32% les congés de maladie et augmenter de 52% la productivité, selon une étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
A l'affût de cet engouement, les entreprises d'équipements sportifs multiplient les offres personnalisées.
"Quand on a démarré il y a 6 ans, ce n'était pas évident de convaincre les entreprises. On ramait un peu. Maintenant, ce sont elles qui viennent vers nous", témoigne Joseph Vieville, fondateur du Five Football Club, l'un des leaders du football à cinq en France, avec 22 centres.
Mais si le Five F.C a misé sur le marché des particuliers estimé à 2 millions de joueurs par an, la société a aussi très vite compris la nécessité d'une offre spécifique aux entreprises via des réductions sur les abonnements et l'organisation de tournois privatisés.
Entre 1.000 et 2.000 euros en moyenne, les tarifs "peuvent peut monter jusqu'à 10.000 euros avec les DJ's et les Pom-pom girls", précise Joseph Vieville.
Au point de devenir un levier de croissance majeur. "Notre activité sur le marché des entreprises est passé de 5% à 15% du chiffre d'affaires en 5 ans. Avec la Coupe du monde 2014, la demande sera encore plus importante", estime Victor Augais, fondateur d'Urban Football, propriétaire de 12 centres en France.
Si l'attrait du ballon rond permet aux employés de s'évader le temps d'un match entre collègues, le nec plus ultra du sport en entreprise reste la salle de sport intégrée.
Les grandes sociétés font de plus en plus appel à des prestataires extérieurs pour équiper leur sièges sociaux. Hammam, sauna, machines de musculation et autres salles de cours animées par des coachs sportifs deviennent disponibles à deux pas du bureau.
"Beaucoup d'entreprises quittent le centre de Paris pour aller en deuxième couronne. Pour compenser l'éloignement, elles décident d'offrir les services de bien être, en complément de la restauration, de la conciergerie et de la garderie", explique Pedro Randez, PDG de The Corporate Gym, numéro 1 du fitness en entreprise en France (plus de 40 clubs) qui table sur une croissance "de 40 à 50 nouveaux centres" sur cinq ans.
Avec des clients comme BNP Paribas, Orange ou Sanofi, le groupe implanté en Espagne a réalisé l'essentiel de ses 5 millions de chiffre d'affaires en région parisienne, lieu des principaux sièges sociaux des poids lourds du CAC 40.
"Alors qu'on livrait un centre par an en moyenne, on en livre maintenant 3. Les DRH sont très volontaires", souligne Franck Hédin, PDG de Club Med Gym, leader du fitness grand public, qui reconnaît quand même que les services comptables ont encore du mal avec le coût élevé de l'opération - de 10.000 euros pour les petits espaces à 300.000 euros pour du haut-de-gamme.
"A l'horizon de 10-20 ans, toutes les grandes entreprises auront une salle de sport comme ils ont leur propre cantine. Le marché va tellement grandir qu'il y aura même de la place pour 3-4 acteurs".

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.