mardi 1 juillet 2014

Tour de France : combien ça rapporte ?

Le cyclisme, et le Tour de France en particulier, offre aux sponsors une visibilité exceptionnelle et un taux de notoriété incomparable avec d'autres épreuves.
Un argument utilisé par les organisateurs de la Grande Boucle pour justifier des primes parcimonieuses aux coureurs et aux équipes. Si le tournoi de tennis de Paris-Bercy peine à faire respecter son vrai nom (BNP Paribas Master), si personne n'a jamais appelé le championnat de France de rugby le "Top 14 Orange", le cyclisme reste le paradis du +naming+ et l'un des vecteurs de communication les plus efficaces pour les partenaires. Comment, en effet, nommer autrement l'équipe AG2R La Mondiale, Europcar ou Française des Jeux ? "La spécificité du vélo, c'est ce naming spontané", explique Laurent Lachaux, directeur commercial et marketing d'ASO, l'organisateur du Tour. "Pour les sponsors, l'euro investi revient vite. Surtout quand les coureurs, comme c'est une tradition sur le Tour, +montrent le maillot+". Patron du groupe AG2R La Mondiale, Yvon Breton estimait ainsi en 2011 que l'équipe cycliste de la compagnie d'assurances avait, cette année-là, "obtenu 63 millions d'euros en équivalent publicitaire" pour un budget légèrement supérieur à 8 millions. Pragmatiques, les dirigeants d'Amaury Sports Organisation (ASO) ont intégré cette formidable caisse de résonance au moment d'établir le barème des redistributions.
Avant le Tour, chaque formation perçoit une prime d'engagement d'un million d'euros maximum. Sur l'épreuve, le total des primes de résultat reversées aux coureurs et aux équipes culmine à 4 millions d'euros, quand il atteint 25 millions pour les joueurs de Roland-Garros. Le lauréat de la Grande Boucle perçoit 450.000 euros, les vainqueurs d'étapes un modeste chèque de 8000 euros et, à l'issue des trois semaines de course, de nombreux cyclistes restés dans l'ombre n'auront gagné que 2000 euros. Mais, contrairement à beaucoup de sportifs de disciplines individuelles, les cyclistes sont déjà salariés de leur équipe et perçoivent, pour les meilleurs, des émoluments de plusieurs centaines de milliers d'euros chaque année, plus d'un million pour une trentaine de stars. Au milieu des années 2000, les équipes professionnelles se sont rebellées contre cette redistribution jugée inéquitable. Estimant qu'ASO s'enrichissait à leurs dépens, elles avaient pris pour exemple les Tours d'Espagne (Vuelta) et d'Italie (Giro), où les primes sont équivalentes mais les bénéfices des organisateurs bien moindres, en raison notamment d'une plus faible exposition. Le Tour "est clairement la vache à lait d'ASO", estime un ancien du groupe Amaury, qui possède d'autres courses cyclistes, le rallye automobile Dakar, le Tour de France à la Voile, des marathons, mais également les journaux, comme l'Equipe et le Parisien-Aujourd'hui en France. "Ses bénéfices compensent le bilan des autres courses cyclistes qui sont à peine à l'équilibre, et au-delà les pertes du groupe, que ce soit (dans les) événements sportifs ou (les) médias." 80% des revenus du groupe sont en effet générés par les trois semaines du Tour de France, dont le chiffre d'affaires est estimé à plus de 150 millions d'euros. Une ultra-dépendance au Tour qui invite ASO à une grande prudence au moment de redistribuer ses gains.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.