Le cyclisme, et le Tour de France en
particulier, offre aux sponsors une visibilité exceptionnelle et un taux de
notoriété incomparable avec d'autres épreuves.
Un argument utilisé par les
organisateurs de la Grande Boucle pour justifier des primes parcimonieuses aux
coureurs et aux équipes.
Si le tournoi de tennis de Paris-Bercy peine à faire respecter son vrai nom
(BNP Paribas Master), si personne n'a jamais appelé le championnat de France de
rugby le "Top 14 Orange", le cyclisme reste le paradis du +naming+ et l'un des
vecteurs de communication les plus efficaces pour les partenaires.
Comment, en effet, nommer autrement l'équipe AG2R La Mondiale, Europcar ou
Française des Jeux ? "La spécificité du vélo, c'est ce naming spontané",
explique Laurent Lachaux, directeur commercial et marketing d'ASO,
l'organisateur du Tour. "Pour les sponsors, l'euro investi revient vite.
Surtout quand les coureurs, comme c'est une tradition sur le Tour, +montrent le
maillot+".
Patron du groupe AG2R La Mondiale, Yvon Breton estimait ainsi en 2011 que
l'équipe cycliste de la compagnie d'assurances avait, cette année-là, "obtenu
63 millions d'euros en équivalent publicitaire" pour un budget légèrement
supérieur à 8 millions.
Pragmatiques, les dirigeants d'Amaury Sports Organisation (ASO) ont intégré
cette formidable caisse de résonance au moment d'établir le barème des
redistributions.
Avant le Tour, chaque formation perçoit une prime d'engagement d'un million
d'euros maximum. Sur l'épreuve, le total des primes de résultat reversées aux
coureurs et aux équipes culmine à 4 millions d'euros, quand il atteint 25
millions pour les joueurs de Roland-Garros.
Le lauréat de la Grande Boucle perçoit 450.000 euros, les vainqueurs
d'étapes un modeste chèque de 8000 euros et, à l'issue des trois semaines de
course, de nombreux cyclistes restés dans l'ombre n'auront gagné que 2000 euros.
Mais, contrairement à beaucoup de sportifs de disciplines individuelles,
les cyclistes sont déjà salariés de leur équipe et perçoivent, pour les
meilleurs, des émoluments de plusieurs centaines de milliers d'euros chaque
année, plus d'un million pour une trentaine de stars.
Au milieu des années 2000, les équipes professionnelles se sont rebellées
contre cette redistribution jugée inéquitable. Estimant qu'ASO s'enrichissait à
leurs dépens, elles avaient pris pour exemple les Tours d'Espagne (Vuelta) et
d'Italie (Giro), où les primes sont équivalentes mais les bénéfices des
organisateurs bien moindres, en raison notamment d'une plus faible exposition.
Le Tour "est clairement la vache à lait d'ASO", estime un ancien du groupe
Amaury, qui possède d'autres courses cyclistes, le rallye automobile Dakar, le
Tour de France à la Voile, des marathons, mais également les journaux, comme
l'Equipe et le Parisien-Aujourd'hui en France. "Ses bénéfices compensent le
bilan des autres courses cyclistes qui sont à peine à l'équilibre, et au-delà
les pertes du groupe, que ce soit (dans les) événements sportifs ou (les)
médias."
80% des revenus du groupe sont en effet générés par les trois semaines du
Tour de France, dont le chiffre d'affaires est estimé à plus de 150 millions
d'euros. Une ultra-dépendance au Tour qui invite ASO à une grande prudence au
moment de redistribuer ses gains.
(AFP)
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