jeudi 11 septembre 2014

Braillard: "La victimisation des clubs de foot m'irrite un peu"

Les clubs professionnels de football doivent travailler sur leur compétitivité et cesser de se poser en victimes du fisc, a appelé le secrétaire d'Etat aux Sports Thierry Braillard dans un entretien avec l'AFP.

Q: On vit l'épilogue du feuilleton Luzenac (NDLR: qui retombe en amateurs) sur lequel vous avez pris position cet été. Vous avez décidé d'agir pour éviter une nouvelle affaire...
R: "En effet, en accord avec Patrick Kanner, ministre de la ville, de la Jeunesse et des Sports, je vais réunir les cinq fédérations et ligues professionnelles de sports collectifs pour réfléchir à l'évolution des procédures contentieuses en cas de montée discutée. La question des délais est un vrai problème au regard de la saisonnalité du sport. Une équipe qui entre dans la tourmente se trouve de facto pénalisée parce qu'elle ne peut pas, même en cas d'issue positive, préparer la saison suivante dans de bonnes conditions. Je ne remets pas en cause les règlements mais je souhaite, en accord avec la Garde des Seaux, réfléchir à la simplification des procédures. Luzenac a gagné le 18 avril sa montée sur le terrain et appris le 5 septembre que, finalement, il n'est pas autorisé à monter! A la fin de l'année, je souhaite que nous arrivions à des propositions concrètes et partagées."
Q: Plus globalement, vous qui êtes un amateur de foot, comment jugez-vous la situation de la Ligue 1 dont les patrons se plaignent notamment d'être bridés par trop de contraintes financières et fiscales?
R: "Je suis moi aussi inquiet de l'état du foot professionnel français et je partage le constat des clubs et de la ligue selon lesquels il faut retrouver de la compétitivité (NDLR: député, Thierry Braillard fut l'auteur d'un rapport sur le sujet à l'assemblée). Mais on ne travaillera pas sereinement si les clubs se mettent dans la position de victimes en montrant du doigt l'Etat, alors que l'Etat et les collectivités territoriales ont notamment financé les nouvelles infrastructures utilisées par les clubs qui sont des sociétés privées (NDLR: ces stades serviront également pour l'Euro 2016). Cette victimisation m'irrite un peu. Il faut tout mettre sur la table et voir ce qu'il est possible de faire pour redonner au foot français de la compétitivité".
Q: En matière d'infrastructures, à quel modèle êtes vous favorable: celui de Lyon, votre club de coeur, propriétaire de son stade ?
R: "Le fait, pour les clubs, d'être propriétaire de leur outil de travail, n'est pas inscrit dans la culture de ce pays où les collectivités locales ont toujours voulu conserver la propriété de leurs stades. Mais les budgets des clubs ont pris un tel essor que les collectivités ne peuvent plus suivre. De son côté, Lyon s'inscrit dans le modèle européen où 18 des 20 plus grands clubs sont propriétaires de leur stade. Malheureusement, tout le monde ne peut pas faire comme l'OL."
Q: Quel est donc le modèle à développer?
R: "L'idéal reste pour le club la propriété du stade. A défaut, laisser le club exploiter le stade par une convention d'occupation du domaine public, comme c'est le cas à Paris avec le Parc des Princes, ce qui permet au PSG d'investir dans l'infrastructure sans que cela coûte au contribuable. Dans les partenariats publics-privés (ppp), privilégiés à Nice, Marseille ou Lille, les clubs ne sont pas gagnants. Si les recettes guichets augmentent, les redevances d'occupation augmentent également."
Q: Autre frein à la compétitivité selon les clubs, la taxe à 75% qui touche les clubs les plus riches...
R: "Cette taxation n'aura duré que deux ans. Si certains clubs ont été touchés par la taxe à 75%, tous ont très mal vécus l'arrêt brutal du DIC (droit à l'image collectif) en 2010. Et ce n'était pas notre majorité!".
Q: Maintenant que les stades sont achevés ou en voie de l'être, quel va être votre rôle et celui de l'Etat dans la préparation à l'Euro-2016 ?
R: "Très important. Il y eu un comité interministériel présidé par le Premier ministre avec 10 ministres sur le sujet de l'Euro 2016 au stade de France, au soir de France-Espagne. Le président et le Premier ministre veulent que ce soit une très grande fête nationale, populaire, qui montre l'image d'une France heureuse, capable d'accueillir plusieurs millions de personnes et d'organiser parfaitement le troisième événement sportif au monde."

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.