samedi 8 novembre 2014

L'AFLD divisée sur la gestion du laboratoire de Châtenay-Malabry

La direction de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) a démenti vendredi les difficultés du département des analyses de Châtenay-Malabry à se maintenir parmi les meilleurs laboratoires antidopage du monde, tandis que certains membres de son Collège les confirmaient.

L'AFLD, autorité de tutelle du laboratoire, réagissait ainsi dans un communiqué à des informations publiées jeudi par l'AFP. Ces dernières faisaient notamment état de dysfonctionnements ayant failli coûter au laboratoire son accréditation par l'Agence mondiale antidopage (AMA). Elles évoquaient également les problèmes que l'AFLD avait à trouver un nouveau directeur à l'établissement dirigé par Françoise Lasne depuis la mort de Jacques de Ceaurriz en 2010.
Membre du collège de l'AFLD depuis 2007, Jean-Pierre Goullé, professeur de toxicologie à la faculté de Rouen, membre des Académies de médecine et de pharmacie, a pourtant confirmé vendredi à l'AFP les informations démenties.
Il a ainsi attesté de son opposition, partagée par une partie de ses collègues du Collège, aux candidatures proposées par la direction de l'Agence pour prendre la tête du labo. Celles de responsables des laboratoires d'Athènes et d'Helsinki.
"Ce ne sont pas des scientifiques du niveau d'un établissement de ce genre qui se doit d'être dirigé, au minimum, comme un laboratoire universitaire, par un PU-PH (professeur des universités, praticien hospitalier)", a indiqué le professeur Goullé, estimant que ce dossier était plus généralement révélateur d'une "absence de stratégie" de l'AFLD.
Il a par ailleurs confirmé que le département des analyses de l'AFLD, nom administratif du laboratoire de Châtenay-Malabry, avait bien failli perdre son accréditation à deux reprises en quatre ans, faute d'avoir suivi les recommandations de l'AMA en matière de détection ou d'avoir investi dans des matériels de dernière génération.
"La qualité de Françoise Lasne n'est pas en cause. Elle a fait un travail remarquable sur le test EPO (qu'elle a mis au point en 2000). Mais il faut un chimiste, un analyste à la tête d'un laboratoire de ce genre", a-t-il jugé, estimant que le dossier avait été négligé par les dirigeants de l'AFLD, désireux de ne pas mettre à la tête de Châtenay une personnalité "trop brillante".
Selon l'AFP, Bruno Genevois, président de l'Agence, a reçu en début de semaine une lettre de plusieurs membres du Collège se désolidarisant par avance de l'embauche, comme directrice du laboratoire, de la seule candidate auditionnée, en l'occurrence la N.2 du laboratoire d'Athènes.
Une rébellion inédite dans l'histoire de l'AFLD et qui tombe mal, à une semaine de l'arrivée des responsables de l'Agence mondiale antidopage (AMA) pour un comité exécutif et un conseil de fondation exceptionnellement tenus à Paris.
En visite au laboratoire vendredi matin, le ministre des sports Patrick Kanner a estimé que "l'Agence mondiale antidopage ne viendrait pas à Paris si le laboratoire de Châtenay-Malabry n'était pas dans les clous".
"Ce sont des commentaires que je ne partage pas", a déclaré le ministre, à propos des informations de l'AFP. "Notamment quand je vois l'accueil qui m'est réservé et la qualité technique des installations."
Durant cette visite, M. Genevois a reconnu toutefois que l'accréditation de l'établissement avait bien été remise en cause par l'AMA qui accrédite 32 laboratoires antidopage dans le monde.
"C'était fin 2010, mais nous avons remédié à cela en nous équipant du matériel nécessaire", a-t-il indiqué.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.