La direction de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) a
démenti vendredi les difficultés du département des analyses de
Châtenay-Malabry à se maintenir parmi les meilleurs laboratoires
antidopage du monde, tandis que certains membres de son Collège les
confirmaient.
L'AFLD, autorité de tutelle du laboratoire,
réagissait ainsi dans un communiqué à des informations publiées jeudi
par l'AFP. Ces dernières faisaient notamment état de dysfonctionnements
ayant failli coûter au laboratoire son accréditation par l'Agence
mondiale antidopage (AMA). Elles évoquaient également les problèmes que
l'AFLD avait à trouver un nouveau directeur à l'établissement dirigé par
Françoise Lasne depuis la mort de Jacques de Ceaurriz en 2010.
Membre
du collège de l'AFLD depuis 2007, Jean-Pierre Goullé, professeur de
toxicologie à la faculté de Rouen, membre des Académies de médecine et
de pharmacie, a pourtant confirmé vendredi à l'AFP les informations
démenties.
Il a ainsi attesté de son opposition, partagée par une
partie de ses collègues du Collège, aux candidatures proposées par la
direction de l'Agence pour prendre la tête du labo. Celles de
responsables des laboratoires d'Athènes et d'Helsinki.
"Ce ne sont
pas des scientifiques du niveau d'un établissement de ce genre qui se
doit d'être dirigé, au minimum, comme un laboratoire universitaire, par
un PU-PH (professeur des universités, praticien hospitalier)", a indiqué
le professeur Goullé, estimant que ce dossier était plus généralement
révélateur d'une "absence de stratégie" de l'AFLD.
Il a par
ailleurs confirmé que le département des analyses de l'AFLD, nom
administratif du laboratoire de Châtenay-Malabry, avait bien failli
perdre son accréditation à deux reprises en quatre ans, faute d'avoir
suivi les recommandations de l'AMA en matière de détection ou d'avoir
investi dans des matériels de dernière génération.
"La qualité de
Françoise Lasne n'est pas en cause. Elle a fait un travail remarquable
sur le test EPO (qu'elle a mis au point en 2000). Mais il faut un
chimiste, un analyste à la tête d'un laboratoire de ce genre", a-t-il
jugé, estimant que le dossier avait été négligé par les dirigeants de
l'AFLD, désireux de ne pas mettre à la tête de Châtenay une personnalité
"trop brillante".
Selon l'AFP, Bruno Genevois, président de l'Agence, a reçu en
début de semaine une lettre de plusieurs membres du Collège se
désolidarisant par avance de l'embauche, comme directrice du
laboratoire, de la seule candidate auditionnée, en l'occurrence la N.2
du laboratoire d'Athènes.
Une rébellion inédite dans l'histoire
de l'AFLD et qui tombe mal, à une semaine de l'arrivée des responsables
de l'Agence mondiale antidopage (AMA) pour un comité exécutif et un
conseil de fondation exceptionnellement tenus à Paris.
En visite
au laboratoire vendredi matin, le ministre des sports Patrick Kanner a
estimé que "l'Agence mondiale antidopage ne viendrait pas à Paris si le
laboratoire de Châtenay-Malabry n'était pas dans les clous".
"Ce
sont des commentaires que je ne partage pas", a déclaré le ministre, à
propos des informations de l'AFP. "Notamment quand je vois l'accueil qui
m'est réservé et la qualité technique des installations."
Durant
cette visite, M. Genevois a reconnu toutefois que l'accréditation de
l'établissement avait bien été remise en cause par l'AMA qui accrédite
32 laboratoires antidopage dans le monde.
"C'était fin 2010, mais nous avons remédié à cela en nous équipant du matériel nécessaire", a-t-il indiqué.
(AFP)
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