mardi 7 avril 2015

Le coût n'est qu'un frein relatif à la pratique sportive en club

Le coût du sport n'est qu'un "frein secondaire" à la pratique sportive en club des adultes en Ile-de-France. Tel est le principal enseignement d'une étude de la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale d'Ile-de-France (DRJSCS) récemment mise en ligne.

A l'origine de cette étude, un constat : si les enquêtes montrent que la pratique sportive est en progression, il ressort également que l'on se trouve très majoritairement face à une pratique libre et non licenciée. Par ailleurs, les femmes, les personnes les moins aisées financièrement, les plus âgées ou en situation de handicap sont les plus écartées de la pratique sportive. "Dans ce contexte, avance la DRJSCS d'Ile-de-France, étudier les freins à la pratique sportive prend tout son sens, notamment quand l'enjeu est de tenter d'en garantir l'accès pour tous."
Prenant en compte les points de vue de tous les types d'acteurs impliqués (sportifs, dirigeants de club, conseillers techniques régionaux, etc.), pour différents types de sports et de clubs répartis sur toute l'Ile-de-France, l'étude s'appuie sur deux approches : quantitative et qualitative.

Le coût du sport : une définition complexe

Avant d'aborder ces deux approches, la définition même du coût pose problème. L'enquête note que "l'évaluation du coût d'un sport n'est pas évidente et dépasse largement la question de la cotisation". Les personnes interrogées livrant souvent une vision en deux temps : le budget lié à la cotisation et à l'équipement, d'une part ; les dépenses induites par le renouvellement du matériel, l'accès à la formation, les inscriptions aux tournois, les déplacements, les soins médicaux, les stages, etc., d'autre part.
Tout compris, les personnes interrogées ont estimé le prix d'une saison de football à 409 euros, tandis que le tennis atteint 672 euros et le golf 2.386 euros. Toutefois, le coût de la pratique sportive varie d'un club à l'autre et peut être deux, trois, voire dix fois plus élevé pour une même activité.
Une situation qui peut notamment s'expliquer par l'un des enseignements annexes de l'enquête : "La gestion des questions financières dans le sport amateur est peu structurée, peu homogène, peu formalisée et finalement peu équitable. […] Les subventions ne semblent ni être harmonisées, ni dépendre de critères très stables et structurés, et varieraient notamment, selon les territoires, la ligne politique de la municipalité, etc."

Le coût du sport, objet de préjugés

Autre enseignement de l'enquête : il existe une importante frontière dans la perception du coût de tel ou tel sport entre les sportifs et les non-pratiquants. Le sport souffre de préjugés et ces représentations influent assez largement sur les pratiques. "De nombreux enquêtés n'ont pas envisagé certaines disciplines qu'ils estimaient, a priori, trop chères, sans toujours en connaitre le prix réel", pointe l'étude.
De fait, la pratique effective d'une activité permet en partie de dépasser ces idées reçues. "Il a été constaté de manière assez large, une compréhension, voire une justification, par les licenciés des tarifs pratiqués par leurs clubs, même parmi les sports dits 'chers'", avance l'étude.

Les contraintes horaires, frein numéro un à la pratique

L'enquête quantitative démontre que les principales motivations à s'inscrire dans un club sont la recherche de performance, le fait d'être encadré par un professionnel et dans une moindre mesure le fait d'accéder à la formation. Quant aux freins qui éloigneraient des clubs, ils sont essentiellement liés aux contraintes horaires de la pratique encadrée (68% des réponses) et/ou à l'irrégularité de la propre pratique sportive des personnes interrogées (54%). La problématique liée au coût est citée par 27% des enquêtés. Quant à l'absence de club disponible à proximité, elle n'est citée que dans 3% des réponses. Pour la DRJSCS d'Ile-de-France, le coût "ne serait donc pas la variable fondamentale expliquant cette faible affiliation à un club".
De leur côté, les entretiens qualitatifs ont démontré que le sport pouvait être relégué sur un plan annexe en fonction des événements qui touchent les personnes interrogées. Nombreuses sont celles qui ont reconnu avoir modéré, voire interrompu, leur pratique à certaines périodes de leur vie correspondant à un achat immobilier, des études, la prise d'un nouveau poste, la naissance d'un enfant, etc. "Le budget sport est assez souvent rogné avant les autres, note l'étude, et [joue] le rôle de variable d'ajustement […]."
En conclusion, la DRJSCS d'Ile-de-France propose des actions à développer pour réduire les freins à la pratique sportive. Si la question du coût peut faire l'objet d'arrangements entre les pratiquants et les clubs, l'axe le plus important est celui du développement et de l'amélioration des infrastructures. De nombreux clubs, notamment à Paris et dans la petite couronne, refusent en effet des adhérents faute d'infrastructure.

(Localtis)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.