vendredi 2 octobre 2015

Privatisation des stades : au-delà du Parc des princes, les collectivités en danger ?


L'actualité se bouscule. Alors qu'on apprenait que la mairie de Paris avait proposé au Paris-Saint-Germain de racheter de Parc des Princes, le ministère des Sports présentait ce vendredi 2 octobre une conférence nationale sur le sport professionnel. Au menu des travaux : l'exploitation des enceintes sportives.
Dans la tête des dirigeants politiques – quand ils ne cèdent pas aux sirènes des majors du BTP pour se lancer dans des travaux pharaoniques dans leur ville – l'idée de privatiser les enceintes va bon train depuis des années. Après Valérie Fourneyron, Thierry Braillard, secrétaire d'Etat aux Sports, semble favorable à "un nouveau système où les clubs eux-mêmes feraient les investissements".
Dans ce contexte, la proposition de la mairie de Paris de vendre le Parc au PSG semble a priori une bonne idée. Après tout, ce stade n'est jamais que l'outil de production d'une entreprise privée que la collectivité entretient à hauteur de un million par an.

Prix dérisoire


Seulement, en proposant un prix dérisoire – Le Parisien parle de moins de cent millions d'euros – la mairie de Paris est à côté de la plaque. Soit elle veut faire une fleur à ses amis qatariens, comme cela semble être la mode chez nos dirigeants. Soit elle cherche à se débarrasser d'un bien immobilier pesant, certes, mais qui pourrait aussi lui rapporter si elle le louait au bon prix. Or on sait que la redevance des stades est régulièrement sous-estimée en France. La Cour des comptes l'a rappelé dans divers rapports.
En proposant moins de 100 millions d'euros, la ville de Paris brade son patrimoine – celui des citoyens ! Car enfin les experts immobiliers chiffrent le prix du terrain à 85 millions d'euros, quant au stade lui-même, difficile de l'estimer à moins de 200 ou 300 millions d'euros si on le compare à une enceinte de même capacité construite récemment.
Si les Qatariens ont refusé cette offre pourtant insensée, c'est qu'à moyen terme ils trouvent leur compte dans la situation actuelle, avec un loyer modéré et 75 millions d'investissements à venir dans un stade pour lequel ils disposent d'un bail emphytéotique. Pourquoi achèteraient-ils une enceinte où ils peuvent faire ce qu'ils veulent à moindre coût durant 30 ans ? En repoussant l'offre d'Anne Hidalgo, ils se placent en outre en situation de marchander : le prix pourrait finalement baisser en leur faveur.
Mais au delà de Paris, combien de municipalités prises à la gorge financièrement seront-elles tentées de brader le patrimoine sportif français ?

1 commentaire:

  1. Pour clarifier la situation, il suffirait que le rapport de l'Association Nationale des Adjoints aux Sports (ANDES) soit publié. L'accès aux informations publiques est d'un droit. Tous les tarifs des redevances d'occupations de l'espaces public ont été votés par les conseils municipaux mais noyés dans les délibérations de ces mêmes conseils municipaux.
    Que les élus assument le faible coût des redevances (Bordeaux serait une des exceptions en ayant relevé ses tarifs et en les rapprochant des coûts de fonctionnement réels).
    Souvenons nous des dirigeants de l'OM qui avaient poussé des cris désespérés car les nouveaux tarifs représentaient 8% du budget du club.

    8 % ! Quelle entreprise aujourd'hui fonctionne avec seulement 8 % de charges fixes pour son outil de production !
    Dans le sport français, les clubs professionnels fonctionnent presque comme le secteur associatif et payent des sommes ridicules pour utiliser des équipements qui leur sont indispensables.
    Les élus doivent, soit vendre au juste prix les équipements et laisser les clubs assumer leur choix, soit augmenter significativement les redevances d'occupation qui aujourd'hui sont ridiculeusement faibles.

    http://ericadamkiewicz.blogspot.fr/2015/03/les-stades-un-outil-de-production.html

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.