La justice a confirmé mardi l'autorisation de reprise des travaux
d'extension de Roland-Garros sur le site classé des Serres d'Auteuil,
contestée par les héritiers de l'architecte du jardin, et a fixé au 3 novembre l'examen au fond du dossier.
"C'est une nouvelle belle décision de justice", qui "va dans le bon
sens", s'est félicité auprès de l'AFP Jérémy Botton, directeur général
de la Fédération française de tennis (FFT), porteuse du projet. "Nous
allons donc reprendre les travaux le plus vite possible".
Le site
fait depuis des années l'objet d'une bataille juridique entre les
défenseurs du patrimoine d'une part, la FFT et la mairie de Paris
d'autre part.
La fédération prévoit de détruire des "serres
techniques" et "serres chaudes", abritant des milliers d'espèces
tropicales, qu'elle juge sans valeur architecturale, pour construire un
court semi-enterré de 5.000 places aux abords immédiats des serres
historiques.
Mais pour les opposants au projet, parmi lesquels les
héritiers de l'architecte des serres, Jean-Camille Formigé, ce projet
modifie l'ensemble architectural et porte donc une atteinte au droit
moral de son créateur.
Vendredi dernier, le TGI de Paris avait
autorisé la reprise des travaux, en revenant sur une ordonnance de
suspension rendue le 6 octobre. Mais les opposants avaient saisi le
tribunal en lui demandant de suspendre les travaux, en attendant
l'examen au fond des procédures.
Une procédure des héritiers
Formigé pour atteinte au droit moral doit être examinée par le TGI de
Paris et une autre, lancée par des associations contre le permis de
construire, doit être débattue devant le tribunal administratif de
Paris, sans doute début 2017.
Les opposants ont également justifié
leur demande de suspension des travaux par la nomination prochaine d'un
nouveau président à la tête de la FFT, prévue la 3ème semaine de
février.
Les deux favoris Bernard Giudicelli, secrétaire général,
et Jean-Pierre Dartevelle, élu du comité directeur, défendent le projet
d'extension du site.
Seul le troisième candidat, Alexis Gramblat,
simple président de club, s'est officiellement prononcé pour une version
alternative préservant les serres, mais ses chances de l'emporter
semblent extrêmement minces.
- Une pétition signée par 81.000 personnes -
Dans son jugement, le TGI balaye les arguments des opposants, estimant
leur demande de suspension des travaux "mal fondée", "sans qu'il soit
nécessaire de statuer sur la titularité des droits (...) ou le caractère
protégeable des oeuvres alléguées", des questions qui seront soumises
"à la juridiction du fond".
Le TGI fait notamment valoir que "le projet de la FFT ne touche aucunement"
les
seuls éléments "inscrits à l'inventaire supplémentaire des Monuments
historiques" et qu'il "existe une contestation sérieuse sur le fait que
les serres objet du débat soient bien l'oeuvre de Jean-Camille Formigé".
Il fixe au 3 novembre l'examen au fond du dossier sur l'atteinte au
droit moral.
"Malgré leurs manoeuvres tous azimuts, les Formigé
n'ont pas réussi à convaincre le juge que le projet de la fédération
porterait atteinte à l'oeuvre de Jean-Camille Formigé", affirme dans un
communiqué la FFT, pour qui "cette nouvelle décision met en lumière le
caractère dilatoire" de leurs actions.
Le Comité de soutien des
serres d'Auteuil s'est dit pour sa part "plus que jamais déterminé à
défendre l'intégrité du jardin des serres (...) pour l'empêcher d'être
amputé et dénaturé à tout jamais par un stade de tennis".
Se disant "épaulé par les quelque 81.000 signataires de la pétition
+Sauvons les serres d'Auteuil+", il a assuré dans un communiqué ne "pas
+croire
que
les tribunaux laisseront la FFT et la maire de Paris poursuivre leur
oeuvre de destruction au sein de ce chef d'oeuvre architectural et
paysager".
(AFP)
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