mardi 18 octobre 2016

Trois plaintes contre le président, tourmente à la Fédération française de karaté

La Fédération française de karaté se retrouve au cœur d'un scandale après trois plaintes contre son président. Le ministère des Sports a lancé une inspection extraordinaire. Alerté par plusieurs signalements sur de présumés abus de pouvoir et malversations à la Fédération de karaté, le ministère des Sports vient de lancer une inspection « extraordinaire » sur cette instance dirigée depuis 2001 par Francis Didier, qui fait par ailleurs l'objet de trois plaintes en justice.
Cette enquête administrative est motivée par « plusieurs signalements crédibles de faits graves », selon Thierry Braillard, Secrétaire d'État aux Sports.
Certains de ces faits présumés ont en outre fait l'objet de trois plaintes à Nanterre pour abus de confiance, déposées par d'anciens dirigeants ou salariés de la Fédération (FFKda) à l'encontre de son président. Cela a entraîné l'ouverture d'une enquête conduite par la Brigade de répression de la délinquance astucieuse. « J'estime que les attaques dont je fais l'objet en tant que président de la FFKda sont infondées, voire même diffamatoires », a rétorqué M. Didier.
Avec 253 000 licenciés d'un sport bientôt olympique, la FFKda est de l'avis général, y compris de ses anciens dirigeants exclus, une fédération « bien structurée ».
Son président, 7e dan, champion d'Europe en 1973, a parfaitement négocié l'achat du siège fédéral, à Montrouge, aux portes de Paris, ses placements bancaires et le développement des pratiques, le karaté bien sûr, mais aussi les très rentables disciplines associées: Wushu, Krav Maga, Yoseikan budo...
La bonne santé financière de la Fédération repose sur un budget annuel de 9 millions d'euros, dont moins de 10% proviennent de l'État et le reste en quasi-totalité des cotisations des licenciés. Mais les pratiques de Francis Didier, 66 ans, ont été pointées par le Fisc et l'Urssaf en 2014 et 2015. La FFK a a dû payer 190 000 euros à l'Urssaf et 134 000 au fisc pour divers manquements, dont des avantages en nature non déclarés comme tels.
Francis Didier a personnellement fait l'objet d'un redressement de 70 000 euros par le fisc pour ne pas avoir déclaré les avantages en nature dont il a bénéficié pendant plusieurs années. Notamment un appartement parisien de cinq pièces, loué environ 2500 euros mensuels aux nom et frais de la fédération pour « usage exclusif de son président », selon le bail.
Cet avantage n'a fait l'objet d'aucun vote du comité directeur, ni de l'Assemblée générale fédérale. C'est l'un des objets des trois plaintes à l'étude.
Selon M. Didier, les pratiques incriminées par l'Urssaf et le fisc ont cessé. Thierry Cousinié, membre du comité directeur de la FFKda, affirme lui que le président s'affranchit toujours des règlements fiscaux et sociaux sur les frais, notamment en déjeunant et dînant très régulièrement aux frais de la fédération.
Toujours logé dans un appartement de 5 pièces payé par la FFKda, son président affirme, fiche de paye à l'appui, se voir défalquer 700 euros comme avantage en nature sur les 1700 euros de loyer mensuel. Il ajoute posséder « une voiture personnelle ».
Par ailleurs, l'homme fort de la FFKda a été plusieurs fois condamné. Notamment en septembre 2010 pour prise illégale d'intérêts pour avoir avantagé la société de crèmes glacées de sa femme avec qui avait contracté avec la fédération.
Ses opposants accusent Francis Didier d'étouffer toute velléité de contestation, que ce soit de la part de rivaux qui auraient pu prétendre à sa succession ou de cadres techniques placés dans sa fédération par le ministère. En 2013, il a écarté deux responsables, Christian Forestier et Michel Cipriotis, qui avaient contesté le bien-fondé de son logement. En charge depuis dix ans d'un comité de coordination entre les ligues du Lyonnais et du Dauphiné-Savoie, les deux hommes se sont vu reprocher de diriger une « association obscure et sectaire » et ont écopé de six et quatre ans de suspension.
Le 17 décembre, l'assemblée générale de la FFKda élira son nouveau président. M. Didier sera à priori seul en piste pour un nouveau mandat.

(Ouest France)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.